Narcisse
Ce travail consiste à photographier les formes évanescentes du corps dans le reflet d’une surface instable. Il s’agit de surprendre, dans un instant rituel, une représentation retenue dans les replis de la peau. La capture de ces corps pétris par la lumière crue, nécessite d'affronter des apparitions extrêmement fluctuantes, autorisant ainsi à sortir des limitations et des contours tranchants de l'existence corporelle. Tant et si bien que l’accident organique ne tarde pas à venir, déformant le moule d’origine.
Les reflets de ces manifestations diaphanes s'apparentent à la succession des formes, la durée limitée et toujours changeante des êtres. Pour certains, le corps serait composé d'une série de spectres, en couches superposées à l'infini. Cette opération pourrait consister à retenir une de ces fines pellicules. La photographie d'un corps peut-elle prétendre mettre à jour son double, à des stades antérieurs et primitifs à la manière de couches géologiques ?
Le monstre qui sommeille n'est souvent que notre propre reflet d'incertitude. Il convient de dépasser en soi-même, l'incompréhensible. Ces figures abyssales qui jaillissent sous une poussée intérieure, peuvent aussi révéler un péril : elles sont comme les formes hideuses du désir perverti. Ce double qui remonte à la surface, peut être le complémentaire, mais plus souvent l'adversaire qui nous invite à combattre. (Travail sans retouches, réalisé en argentique).
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